Le portail internet de Xinhua bientôt coté en bourse
Le portail Internet de l'agence de presse Xinhua, appartenant l'Etat chinois, a déposé le prospectus de son introduction en bourse auprès de l'organisme suprême des valeurs mobilières de Chine. Selon les analystes qui se sont exprimés dimanche, cette démarche a pour but de faciliter la transformation du portail pour en faire une entité modernisée capable de faire face à la concurrence féroce dans le secteur des nouveaux médias.
Selon le prospectus publié vendredi sur le site de la Commission de Régulation des Titres de Chine, xinhuanet.com prévoit d'émettre 51,9 millions d'actions nouvelles destinées à collecter 1,5 milliard de yuans (240,2 millions de dollars US) à la Bourse de Shanghai.
Si le processus se poursuit sans aucun problème, xinhuanet sera le deuxième site de médias appartenant à l'Etat à être coté en bourse en Chine, après people.com.cn, le portail en ligne du Quotidien du Peuple, en avril 2012.
Selon Chen Shaofeng, vice-doyen de l'Institut pour les industries culturelles de l'Université de Pékin, la Chine va voir davantage de branches numériques de ses organes de communication, comme celles de CCTV, entrer en bourse dans les années à venir.
« Le gouvernement encourage les médias traditionnels appartenant à l'Etat à entrer en bourse pour les aider à maintenir leur position dominante dans le domaine de l'Internet », a déclaré M. Chen au Global Times dimanche.
Le mercredi, CNR Mobile, une filiale de téléphonie mobile de la Radio Nationale de Chine, a ainsi annoncé qu'elle avait fini de mettre en forme sa réforme de l'actionnariat afin de se préparer à être cotée sur le marché chinois des actions de type A.
Une introduction en bourse peut apporter du capital, ainsi que permettre d'innover et d'améliorer le modèle de gestion et d'affaires inefficace des médias officiels, a déclaré Hou Tao, vice-président d'Entgroup, société de conseil pour l'industrie du divertissement, dont le siège est à Beijing.
« S'appuyer principalement sur le soutien du gouvernement risque de ralentir l'expansion d'une entreprise, ce qui fait qu'elle aura du mal à rivaliser avec des sociétés Internet pugnaces », a déclaré M. Hou dimanche au Global Times.
Selon Alexa Internet, un site de classement américain des sites internet, sur un échantillon d'ensemble du trafic Internet observé dimanche, xinhuanet a été classé 69e parmi des sites mondiaux, tandis que des portails privés chinois, comme sina.com.cn et qq.com, étaient respectivement 14e et 7e.
Wang Qiu, directeur de la Radio Nationale de Chine, a fait écho à l'avis de M. Hou : selon ses propos, cités par cnr.cn mercredi, la réforme et la cotation en bourse peuvent favoriser la création d'une plate-forme de capital efficace et aider les médias traditionnels à se démarquer dans la prometteuse industrie des nouveaux médias.
Xinhuanet a diminué sa dépendance envers les achats de services du gouvernement. Ainsi, en 2013, les frais de service pour la construction et l'exploitation de sites gouvernementaux de niveau de l'État n'ont ils contribué qu'à 13,98% des recettes totales, contre 16,23% en 2012, a précisé le prospectus.
Le chiffre d'affaires de la société provient désormais principalement de revenus de la publicité en ligne, qui ont atteint 290 millions de yuans en 2013, soit 63,67% du total des recettes. Et le bénéfice net a atteint 168 millions de yuans en 2013, contre 136 millions de yuans en 2012.
Compte tenu de ses performances assez bonnes et des ressources d'information provenant de divers ministères chinois, l'introduction en bourse de xinhuanet devrait se montrer attrayante pour les investisseurs nationaux, mais comme elle n'est pas la première, elle aura plus de difficultés à susciter autant d'intérêt que people.com.cn le fit en son temps, a dit M. Chen.
L'introduction en bourse de People.com.cn a eu lieu à Shanghai le 27 avril 2012. Elle a permis de collecter 1,38 milliard de yuans, soit plus du double de son objectif de 527 millions de yuans, ce qui selon les analystes a principalement été dû au fait que les investisseurs ont été motivés par des politiques de soutien du gouvernement nouvellement émises en faveur de l'industrie des médias en 2012.